Inventoriste
- 18 nov. 2021
- 11 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 août 2022

1 - Quel est l’objectif de votre emploi ?
Le métier d’inventoriste consiste à faire les inventaires dans plusieurs magasins pour qu’ils puissent connaître et gérer leurs stocks. Nous comptons les produits de nos clients et nous leur faisons un rapport de l’état de leurs stocks. A partir de cet inventaire, ces derniers vont passer des commandes pour renouveler leurs stocks, par exemple.
2- Quel(s) type(s) de contrat est(sont) proposé(s) dans votre profession (temps de travail et salaire inclus) ?
Les inventoristes sont souvent soit en contrat à durée déterminée d’usage (CDDU)* soit en contrat d’intérim. Pour les meilleurs inventoristes, dans mon entreprise, des CDD ou des CDI peuvent être proposés mais ils sont assez rares.
En général, les inventoristes sont plutôt à mi-temps, un inventaire peut aller de 3H00 à 10H00 de travail, pour les plus longs. Le travail est aussi saisonnier, il y a certains mois où on ne travaille pas du tout car les magasins n’ont pas besoin de nos services.
Pour les horaires, c’est nous qui choisissons. En début de mois, on reçoit un planning où on indique les dates auxquelles on peut travailler et les heures où nous sommes disponibles. C’est un travail très flexible en termes d’horaire, en revanche, étant donné notre contrat, nous n’avons pas de congés payés.
Nous sommes payés au SMIC, selon les heures que l’on fait dans le mois, et généralement pas en horaire de nuit. Il y a également un classement entre les inventoristes, qui déterminent quelles zones ils vont compter dans le magasin. Les inventoristes du plus haut grade ont une prime de performance en plus de leur salaire et peuvent se voir proposer un CDD ou un CDI.
Donc c’est assez compliqué de donner une estimation de mon salaire, il y a des mois où je travaille très peu avec la saisonnalité et je ne touche même pas 100€. Et certains mois, je travaille beaucoup et je touche ma prime, et là je peux monter à plus de 1000€, par contre je n’atteins pas le SMIC mensuel. Après il y a des longues missions, où on est en déplacement la semaine et forcément, nous sommes payés plus.
* CDD d'usage (CDDU) ici.
3- Quel(le) diplôme / expérience est obligatoire / conseillé(e) pour occuper le poste ?
Aucun diplôme n’est requis pour exercer ce métier. Moi par exemple, j'ai commencé en même temps que mes études, car les horaires de travail s’y prêtaient bien.
Je dirais qu’il n’y a pas de "niveau d'expérience demandé" dans notre domaine: on a pas mal de séniors à la retraite et d’étudiants sans diplôme qui travaillent avec nous, par exemple.
Notre cœur de métier est de compter les produits dans les structures clientes. On fait de la prestation de services.
Nous utilisons des machines pour scanner les zones à compter et les produits qui s’y trouvent. Cette machine nous permet de faire des calculs et d’envoyer le résultat directement sur un logiciel, ce qui permet d’avoir une vision globale de l’inventaire.
Donc, mon métier est le suivant : je me rends dans un magasin ou une pharmacie, directement ou depuis l’agence qui m’y conduit, et je compte pendant la durée de l’inventaire.
Nous pouvons être amenés à nous déplacer dans un rayon assez important autour de notre domicile (jusqu'à 6H00 de trajet aller-retour), la route constitue une grande partie de notre temps de travail, même si ce n’est pas nous qui conduisons forcément. Certains inventoristes font le choix de conduire pour gagner plus d’argent, mais cela signifie aussi conduire à l’aller et compter avec nous le temps de l’inventaire puis, potentiellement, conduire au retour.
5- Quels sont les risques à prendre en compte quand on exerce cet emploi?
Nous sommes amenés à compter dans des magasins, avec des marchandises posées sur des étagères dans des rayons. Lorsque des objets lourds tombent, on peut se faire mal et j’ai pour ma part acheté des chaussures de sécurité pour éviter de me blesser. Si on compte dans des magasins de bricolage en revanche, les chaussures de sécurité sont obligatoires et fournies.
Les bras aussi sont amenés à être blessés lorsque tu comptes, car tu mets les mains au fond de l’étagère, et tu peux te couper avec des objets par exemple, mais rien de bien méchant.
Ce que je trouve préoccupant par contre, c’est la fatigue. Lorsque l’on fait des inventaires longs, 10H00 par exemple, et qu’on a peu de pauses, la fatigue se fait ressentir. Il est arrivé plusieurs fois que des collègues tombent de leurs escabeaux et se blessent à cause de ça. Il y a aussi des collègues qui conduisent les voitures collectives et qui comptent en même temps. Il peut être dangereux de prendre la route pour le retour, d’autant plus quand tu as de grandes distances à parcourir.
6- Comment avez-vous été recruté(e) ?
En envoyant une candidature à une offre sur Indeed. C’est très fréquent que mon entreprise recrute, c’est un peu comme les chaînes de restauration rapide, par exemple. Il dépose en général l’offre sur Pôle Emploi, Indeed, ou autre réseau de recrutement en ligne.
J’ai passé un entretien collectif, avec une réunion d’information sur le métier et des tests QCM. Les tests portaient sur notre habilité à compter vite des produits sur une diapositive, c’est comme ça que j’ai été retenu. Les missions arrivent très rapidement après cet entretien, j’ai eu ma première mission dans la semaine suivante.
7- Quels conseils donneriez-vous à un débutant dans votre métier ou à une personne qui envisagerait de le faire ?
Premièrement, je dirai qu’il ne faut pas considérer cet emploi comme pérenne pour gagner sa vie sur le long terme, à moins que vous ayez l’intention de monter dans la hiérarchie. Il s’agit souvent de contrats courts, et les missions fluctuent en fonction des saisons, ce qui ne permet pas d’en faire un revenu stable dans le temps.
Je le vois plus comme un métier complémentaire à un autre métier, pour cumuler des revenus, ou à des études, pour gagner un peu d’argent en plus de sa bourse CROUS, par exemple.
Pour le métier même, je conseillerai de ne pas se précipiter pour augmenter sa performance et donc, son salaire. Les nouveaux ne peuvent pas atteindre les performances des plus anciens en quelques mois, il faut juste persévérer sur la durée pour évoluer dans les échelons d’inventoriste.
8- Résumez votre métier en quelques mots.
En quelques mots, mon métier est précaire, flexible et facilitant pour la mobilité professionnelle.
Le salaire n’est pas très important et irrégulier selon les saisons, cependant on peut agencer notre planning à notre convenance.
Pour la mobilité professionnelle, il faut savoir que des entreprises d'inventaires sont présentes à l’échelle nationale et internationale. Etant donné le niveau de qualification requis, il est très facile de déménager et de se faire muter dans une nouvelle structure.

On rentre dans la partie détaillée de votre métier et de votre avis sur le métier.
9- Décrivez nous une journée type.
Dans mon métier, on peut faire le choix de travailler tôt le matin ou tard le soir. De mon côté, je commence en moyenne à 18H00 et je rentre entre 0H00 et 02H00 du matin.
Je pars de chez moi pour me rendre soit au lieu de travail, s’il n’est pas très loin, soit à l’agence de travail, qui m'emmènera au magasin ou à la pharmacie. Comme je disais un peu avant, nous pouvons avoir des lieux de travail à 2H00 ou 3H00 aller de notre domicile, il ne faut donc pas négliger cet aspect dans le travail. Il faut savoir aussi que les heures en voiture sont moins bien payées que celles au magasin. C’est un calcul de rentabilité, donc. Les conducteurs sont eux payés pareil qu'en magasin.
Les structures clientes sont réparties en “zones”, où nous allons compter. Après le briefing, nous expliquant les consignes demandées par le client, on nous répartit dans les zones et on commence à compter. Le comptage, ça consiste à scanner une zone avec la machine, puis compter les produits présents dans cette zone, et les rentrer dans la machine. Ensuite on clôture la zone informatiquement et on repart pour une autre zone.
Il y a très peu de pauses pendant l’inventaire, et on alterne la position debout, accroupie ou perchée sur un escabeau. Les inventaires durent en moyenne 4H et, de ceux que j’ai connus, la durée peut varier entre 2H30 et 8H00.
A la fin de l’inventaire, on reprend la route pour rentrer. Le lendemain, nous recevons notre revue de performance qui nous indique notre vitesse de comptage et notre classement vis-à-vis des autres compteurs. C’est ce classement qui va déterminer notre échelon et donc, si on reçoit une prime en plus de notre salaire et l’accès à des contrats plus stables.
10- Dans quelle(s) type(s) de structure peut travailler une personne exerçant votre métier ? Pouvez-vous décrire le fonctionnement de la vôtre ?
Je travaille dans une entreprise internationale qui est divisée en plusieurs agences locales. Chaque agence a un secteur géographique où on peut t’envoyer faire des inventaires. Nous travaillons directement chez le client, donc soit des enseignes de grandes distributions et des commerces, soit des pharmacies.
De manière générale, le métier d’inventoriste peut être fait par des intérimaires, qui sont eux en lien avec une agence d’intérim. Leurs missions sont plus courtes, mais plus contraignantes, ils viennent parfois en soutien à nos effectifs et comptent les zones difficiles qui plombent notre revue de performance. Cependant, ils sont payés en horaire de nuit et ont un salaire qui découle du régime intérimaire, qui est généralement plus avantageux que le nôtre.
11- Quel est votre système de hiérarchie et votre rapport à la hiérarchie ?
Dans mon entreprise, il y a des directeur(trice)s d’agence qui dirigent les agences locales et interviennent en cas de conflits importants, par exemple avec nos managers. Juste en dessous on a les managers, qui gèrent tout ce qu’il se passe à l’agence comme les changement de planning ou la communication générale entre l’agence et les clients.
Puis, en lien direct avec nous, il y a les superviseurs. Ils sont dans les magasins en même temps que nous et gèrent l’inventaire. Ils gèrent la logistique, le briefing, la répartition dans les zones, la communication entre le client et l’agence pendant l’inventaire.
En dessous encore, les chefs d’équipe gèrent l’avancement des inventoristes par secteurs. C’est eux que nous allons voir si nous avons un problème, comme une zone mal rangée ou un produit qui n’est pas reconnu par la machine.
Enfin il y a nous, les compteurs, divisés en plusieurs catégories selon notre performance et notre échelon. C’est donc une organisation très hiérarchique, notre marge d’autonomie au travail est quasiment nulle. En contrepartie, la montée en compétences et en poste se fait facilement. Il suffit de parler à nos chefs d’équipe et de leur demander de le devenir à notre tour. Il y a une phase de test, ou nous sommes formés, puis la décision est prise si on peut devenir chef d’équipe.
12- Comment fonctionne le réseau professionnel dans votre métier ?
Il n’y a pas réellement de réseau professionnel dans ce métier. La cooptation existe, nous avons des campagnes mails pour identifier et proposer des chefs d’équipe, mais ça ne marche pas très bien.
Généralement, on découvre ce métier via les sites de recherche d’emploi. En interne par la suite il est assez simple de passer d’une agence à une autre pour changer de région, par exemple. Et puis le réseau professionnel marche plutôt à l’envers dans ce métier, on discute avec les autres compteurs pour élargir notre possibilité d’emploi et trouver un travail en plus ou à la place d’inventoriste !
13- Quel(s) avantage(s) avez-vous en plus de votre salaire ?
Il n’y a pas beaucoup d'avantages en plus du salaire quand on est en CDDU. Nous n’avons pas de congés payés ou de CE par exemple. Le vrai avantage serait surtout la flexibilité des horaires qui nous permet d’adapter notre planning à notre vie quotidienne et de travailler quand on le souhaite.
14- Que pensez-vous de l'articulation vie professionnelle et vie personnelle dans ce métier ?
Je pense que, paradoxalement, malgré la flexibilité des horaires, c’est un métier avec lequel il est difficile de concilier une vie maritale ou familiale. Il y a plusieurs choses qui rentrent en compte comme les horaires décalés (de nuit ou tôt le matin) et le rythme de sommeil décalé. Au bout de la journée, tu ne fais que croiser ta femme ou ton mari car tu dors la journée et tu pars au boulot quand elle ou lui rentre du travail.
Je pense que ce travail est plus idéal pour faire ses études en parallèle, faire un autre métier à côté ou avoir des hobbies dans la journée. Si on est seul à la maison, ça doit être plus facile à gérer.
15- Quelles compétences sont essentielles pour exercer votre métier ?
Il n’y a pas beaucoup de qualités requises pour faire ce métier je pense, car il est accessible à pratiquement tout le monde. Je dirai simplement qu’il faut savoir compter et être attentif pendant le travail, car ce métier demande une grande précision dans les résultats que tu vas délivrer au client.
16- Quelle(s) est(sont) la(les) caractéristique(s) que vous appréciez le plus dans votre métier ?
Je trouve que le travail de nuit est pratique quand on est étudiant ou lorsqu’on peut cumuler un deuxième emploi. Nous avons le choix de l’emploi du temps, ce qui facilite l’organisation de sa vie quotidienne et cela nous permet de travailler seulement quand on le souhaite.
C’est également un métier qui se pratique sans prise de tête. Le comptage, c’est un acte mécanique et manuel, nous n’avons pas à réfléchir, ni à ramener du travail à la maison.
17- Quelle(s) est(sont) la(les) caractéristique(s) que vous appréciez le moins dans votre métier ?
Le salaire, je trouve que nous ne sommes pas assez bien payé pour ce que nous faisons, notamment lors des déplacements ou le fait que nous ne soyons pas payés en horaire de nuit.
Les revues de performance et notamment, les objectifs à atteindre, sont également un aspect négatif du métier. Ils sont souvent revus à la hausse, ce qui conditionne le résultat de notre performance et notre prime. C’est décourageant à la longue.

Je vous montre la fiche Rome (N1103) correspondant à votre métier ici.
18- Quelle est votre avis sur cette fiche Rome ?
Sur les appellations.
Cela ne m’étonne pas qu’il y ait autant de métiers sur cette fiche. Notre métier est lié de près à tous les métiers du magasin. Ce qui est plutôt logique car à l’origine, il n’existait pas de société spécialisée dans les inventaires et les magasins le faisaient en interne.
Le(la) magasinier(e) et le(la) préparateur(trice) de commandes s’occupent souvent des stocks par exemple. Ils alimentent en général les rayonnages et le stock que nous allons compter ensuite. C’est comme les personnes qui font de la mise en rayon (présent dans la partie mobilité professionnelle de la fiche), c’est eux qui rangent les rayons avant que nous les comptions.
Les emballeur(se)s font les packages des produits, selon s’ils changent leurs méthodes d’emballement, ça va influencer notre rapidité de comptage.
Je pense qu'il est possible de passer facilement d’un métier à l’autre, en dehors des métiers nécessitant des diplômes ou un CACES, car les compétences demandées sont assez basiques.
Sur les compétences théoriques.
Il y a très peu de compétences qui nous concernent réellement. Nous avons pour notre métier les libellés “Utilisation d'appareils de lecture optique de codes-barres”, “Techniques d'inventaire” et “Utilisation de système informatique”. Disons que nous sommes assez liés à la tenue des stocks également car c’est par notre travail que le magasin pourra commander les produits manquants.
Nous n’utilisons jamais d’appareils nécessitant des CACES et nous n’intervenons pas non plus dans le rangement du magasin et les opérations spécifiques, qui sont effectués par le personnel du magasin en amont de notre venue.
Je dirais également qu’il n’y a aucune compétence spécifique qui nous concerne, elles seraient plutôt utiles au niveau de notre superviseur, notamment sur la relation client.
Sur la mobilité professionnelle.
Pour la mise en rayon libre-service ça ne m’étonne pas, il y a des compteurs au travail qui font en deuxième emploi de la mise en rayon. Comme je le disais plus tôt, les deux métiers sont vraiment liés.
Pour les autres métiers je ne sais pas vraiment, mais s’ils faut des CACES ou diplôme spécifique pour y accéder je ne pourrais pas les faire.
Conclusion sur la fiche.
Dans sa globalité, je trouve que la fiche est bien faite pour les métiers de magasin (emballeur, préparateur de commandes) et même mise en rayon, alors que ce métier n’est pas mentionné dans l’en-tête. Cependant elle n’est pas terrible pour le métier d’inventoriste. Je pense que c’est parce que le métier d’inventoriste n’est pas très connu.
19- Un dernier commentaire sur votre métier ?
Je pense que le métier est assez méconnu du grand public. Quand on parle d’un métier pour gagner rapidement de l’argent sans qualification particulière, on pense souvent aux enseignes de fast-food, au métier de caissier ou dans la restauration. Alors que pour les magasins, le métier d’inventoriste est essentiel. Par exemple, au premier confinement, les grandes surfaces ont fait pression sur le gouvernement pour nous autoriser à compter à nouveau, car ils avaient de grandes difficultés à gérer leurs stocks.
C’est aussi un métier passager dans une vie à mon sens. C’est difficile d’en vivre sur la durée, c’est plus pour dépanner, se faire un peu d’argent supplémentaire, mais pas forcément pour en vivre. Cela reste un mi-temps pour les compteurs, à moins d’avoir un plan de carrière pour évoluer dans sa société à des postes supérieurs.
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