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Danseur.se

  • 26 déc. 2021
  • 18 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 août 2022




1 - Quel est l’objectif de votre emploi ?


La danse permet d'exprimer certaines choses avec le corps qu'on ne pourrait pas exprimer avec la parole. Le métier consiste à faire des spectacles, des scènes, des tournées avec des compagnies, pour transmettre ce qu'on a à exprimer au public.



2- Quel(s) type(s) de contrat est(sont) proposé(s) dans votre profession (temps de travail et salaire inclus) ?


En tant que danseur, nous sommes soumis au régime de l'intermittence*. Nous pouvons faire plusieurs types de missions, des déambulations dans les magasins pour une marque, faire la mascotte, danser dans les boites de nuit, et nous sommes payés en cachets. La durée de l'intermittence c'est un an calendaire, de date à date, pour obtenir un nombre de cachets précis. Pour moi par exemple, c'est 42 cachets.


Le temps de travail est très variable, ça dépend des contrats que tu arrives à avoir. Je peux travailler les jours fériés et les week-end également. Le salaire est variable pour la même raison.


Là avec la COVID c’est très dur de faire nos heures, il y a beaucoup d’annulations et ça nous fait des cachets en moins. J'ai eu 12 dates annulées par exemple cette année.


*Intermittence définition et fonctionnement ici (source Gouvernement) et ici (source Guide de l'intermittence du spectacle).



3- Quel(le) diplôme / expérience est obligatoire / conseillé(e) pour occuper le poste ?


C'est délicat de définir "danseur professionnel", tu peux être danseur dans une compagnie et faire tes heures d'intermittence, avoir plusieurs missions très diverses, danser dans un clip ou à la télé par exemple. Le métier est très varié. A mon sens, être danseur professionnel c'est quand tu fais ce métier chaque jour, et pas forcément quand tu arrives à en vivre, car ça dépend vraiment des dates que tu arrives à avoir.


Par rapport au diplôme, il n'est pas obligatoire pour exercer, ça dépend du milieu artistique où tu veux être. De mon côté, j'ai fait une école privée de Hip-Hop qui s'appelle Motion Lab. J'ai fait ça pendant trois ans, on apprend les cinq disciplines de la danse Hip-Hop, l'anatomie, la création de spectacle et on a un stage à faire dans une compagnie. Cela m'a donné pas mal d'expérience pour me lancer dans le métier, mais le diplôme n'est pas reconnu par l'Etat, donc il n'est pas indispensable pour exercer.


Dans certaines danses, il existe des diplôme ; par exemple en Jazz Classique Contemporain, tu peux faire le conservatoire et passer à terme le Diplôme National Supérieur Professionnel de danseur (DNSP)*. A l'origine pour moi, c'était ça être danseur professionnel. Mais en réalité, j'ai découvert que dans les autres danses tu n'as pas de diplôme et tu restes quand même un professionnel. Pour mon domaine (le Hip-Hop), il n'y a pas de diplôme, mais j'ai un CV artistique avec mes expériences, ma formation et mes tournées dessus.


*DNSP ici.



4- Quelles sont les tâches caractéristiques de votre emploi?


Le métier comporte beaucoup de travail personnel. Le danseur est toujours en recherche de nouvelles idées, il est hyper curieux sur toutes les danses, il fait le tri sur ce qui est bénéfique pour ses créations ou pas. C'est beaucoup de recherches personnelles, je regarde des vidéos de danse, des battles, des expositions dans les musées, je fais de la recherche sur l'histoire de la musique et de la danse. Je cherche l'inspiration.


C'est également un entrainement physique strict, avec des plannings de training. On travaille sur des points précis, sur l'interprétation, le free style, les lignes, les arrêts. Tu peux t'entrainer seul, en groupe ou avec un mentor. Il y a plusieurs types d'entrainement ; soit tu as une chorégraphie déjà prête et le chorégraphe te l'apprend, soit il te donne un thème, un message qu'il souhaite faire passer et nous demande d'improviser dessus.


C'est une partie du travail que le public ne voit pas du tout. J'aime beaucoup l'image de la personne qui réussit et tout le monde pense que c'est facile, mais il y a toute une partie immergé de l'iceberg, une partie d'implication personnelle très importante pour en arriver là. Par exemple, il m'arrive de faire la vaisselle et de danser en même temps, penser à de nouveaux pas ou m'entrainer. Le régime de l'intermittence permet de temporiser ces temps de training où tu n'es pas payé justement.


C'est ce qui explique les prix des prestations après. C'est une partie compliquée de notre métier, d'arriver à tarifer notre travail à sa juste valeur et que le prix soit accepté par nos employeurs. Il arrive souvent que les danseurs aient un travail à côté car ils ne peuvent pas vivre de la danse.


C'est difficile de définir des "tâches caractéristiques" de notre métier, parce qu'on peut avoir pleins de missions différentes. Je peux te donner des exemples si tu veux. Il est possible que l'on fasse une résidence de création déjà. C'est un séjour où on s'entraine et on fait de la création directement sur une scène. Généralement c'est suivi d'une représentation dans cette même salle ensuite. Quand on fait un spectacle, nous devons nous préparer, c'est à dire choisir ou enfiler son costume, se maquiller, se coiffer.


Enfin, il ne faut pas négliger toutes la partie recherche de prestation, représentée par les auditions.



5- Comment avez-vous été recruté(e) ?


J'ai recherché des annonces sur Google et les réseaux sociaux, comme Facebook ou Instagram. J'ai trouvé quelques missions sur des pages Facebook de danse ou sur des stories Insta. Ensuite j'ai fait pas mal de démarches spontanées, car il faut y aller au culot dans ce milieu.


Il faut faire attention aux missions qu'on accepte en revanche, car dans le milieu artistique c’est très facile d’avoir des douilles. Quand tu commences, tu as tendance à accepter tout et rien. Et souvent, les employeurs te paient en espèces et ne te déclarent pas, et tu acceptes car tu as besoin de travailler.


Par exemple, une fois, je devais faire un passage dans un bar jazzy avec mon groupe, pour un montant de 100€ par danseur. Le patron n'était pas chaud pour le prix, comme d'habitude, les gens pensent qu'ils peuvent nous payer 50 balles et que c'est suffisant. Finalement, on a dû faire trois passages et un passage de 2 minutes. Cela à l'air cher, mais comme je l'ai expliqué avant, c'est beaucoup de boulot pour créer la chorée, l'apprendre, se synchroniser, répéter. Nous avons fait ça en deux jours car la mission s'est décidée au dernier moment. Et on a été payés au black derrière.



6- Quels conseils donneriez-vous à un débutant dans votre métier ou à une personne qui envisagerait de le faire ?


Je lui dirai qu'il doit avoir beaucoup de volonté et de mental, car c'est un monde difficile, de compétition. Il faut être à la fois égoïste, lors des auditions par exemple, et s'accrocher car le paiement en cachets est incertain. Il va avoir beaucoup d'auditions et de dépenses, sans avoir la certitude d'être pris et payé.


Le métier demande aussi d'y accorder du temps, comme quand on fait des recherches personnelles par exemple. C'est un métier passion, tu es censé aimer ce que tu fais. Tu peux l'oublier des fois car il va y avoir beaucoup de remises en question, et il faut garder le moral malgré les échecs et les remarques.


La personne qui veut se lancer dans ce métier doit aussi prendre en compte que pas toutes les familles soutiennent ce projet. Par exemple, mes parents ne sont pas venus me voir à mon premier spectacle, parce qu'il trouvait ça bizarre que je fasse du Hip-Hop.


C'est aussi un métier où les blessures sont fréquentes, et où tu dois consulter kinésithérapeutes et ostéopathes.



7- Résumez votre métier en quelques mots.


Je dirai partage, passion et énergie. La danse c'est avant tout un transfert d'énergie entre le public et le danseur.



On rentre dans la partie détaillée de votre métier et de votre avis sur le métier.


8- Décrivez-nous une journée type.


Encore une fois c'est compliqué de décrire une "journée type" dans notre métier. Je peux t'expliquer ce que je fais dans différentes missions si tu préfères.

1. Si je reprends l'exemple de la représentation sur scène dans le bar jazzy de tout à l'heure ça donnerait ça ; deux ou trois jours avant la date de la représentation, nous avons reçu avec mon groupe une demande d'un barman pour venir danser dans son établissement. La personne nous donne un thème, et nous devons trouver la musique. Au vu du timing, elle devait être facile pour y adapter une chorégraphie dessus, et bien entendu, elle doit plaire au public et à l'employeur. Donc, on a fait une recherche de musique en quelques heures.


Pour la création de la chorégraphie, on était trois, ce qui signifie qu'on doit se mettre d'accord sur les mouvements, sur l'entrainement, ce n'est pas évident. Nous avons mis un jour pour créer la chorégraphie d'un spectacle qui a duré deux minutes sur scène. Nous avons travaillé toute l'après-midi dessus, en faisant chacun un huit de son côté. Un huit, c'est un temps dans la musique, une boucle. Ensuite on se montre nos enchainements et on regarde comment on peut les agencer ensemble et sur la musique, à quel moment nos mouvements tombent bien en fonction de l'énergie du morceau. Il y a des moments qui sont plus énergiques ou calmes et qui s’adaptent bien à certains pas, en fonction de l’intention qu'on veut donner et il y une grosse recherche à faire là dessus.


Dès que la chorégraphie est créée, on passe à la répétition, avec les oublis et les erreurs de chacun. Nous nous filmons pour regarder le rendu et pour ne pas oublier la chorégraphie. Le lendemain, nous sommes allés acheter les costumes. En réalité, cette partie dépend de si tu travailles dans une compagnie avec des costumier(e)s ou non. La prestation commençait à 20h30 et nous sommes arrivés à 18h30 pour nous changer et nous préparer. Il faut savoir qu'on a pas toujours de vestiaires pour se changer selon les endroits où on bosse et ça peut donner lieu à des situations bizarres.


Pour la prestation, on avait trois passages à faire sur scène sur une musique choisie par le barman, une chorégraphie préparée et des déambulations pour les personnes qui consommaient de grandes bouteilles coûteuses. Les déambulations, c'est de la danse au milieu du public, on accompagne le serveur ou on danse à côté de la table du client par exemple. Tu es un clown à ce moment là *rire*. Nous avons terminé notre dernier passage entre 23h00 et 0h00. Ensuite nous avons été payés, juste après le spectacle par le client.


2. Il nous arrive aussi de faire des résidences de création. Sur celle que j'ai faite, on commençait l'entrainement à 10h. Il y avait l'échauffement, puis de la création, de l'apprentissage de pas. Et c'est comme ça sur toute une journée. Si un chorégraphe voulait travailler un tableau avec quelques danseurs, les autres avaient le champ libre pour s'entrainer de leur côté. Un tableau, c'est une manière de découper le spectacle. Si le spectacle était une dissertation, les tableaux représenteraient des paragraphes, même si c'est plus subtile que ça.


Pendant cette résidence, tous les danseurs vivent ensemble, parfois sur plusieurs jours. Cela demande beaucoup de discipline pour ne pas s'énerver les uns contre les autres, avec la fatigue par exemple. A la fin de la résidence, il y a une représentation dans une salle de spectacle.


Pour le spectacle, nous préparons les costumes, nos maquillages, nos coiffures. En résidence il n'y a pas le trajet à faire mais de manière générale, les trajets sont monnaies courantes dans notre domaine. Une fois en salle de spectacle, on fait une prise de l'espace, c'est à dire qu'on test le sol, le placement selon la taille de la scène et la configuration de la salle, et on fait une répétition sur scène si on a le temps. Ensuite arrive la représentation, c'est la répétition de tout le travail que tu as fait avant, basé sur ta mémoire. Il y a un échange d'énergie avec le public, différente selon le public et la configuration de la salle.


3. Les auditions représentent une grande partie de notre métier. Chaque audition est différente, elle dépend du poste visé et du chorégraphe. Généralement tu passes par beaucoup d'auditions avant de décrocher une mission, il faut avoir un mental fort pour encaisser les différents échecs.


J'en ai fait une pour un parc d'attraction par exemple. Nous étions très nombreux, et on était désigné par un numéro. L'exercice demandé était de mimer un personnage et d'exprimer différents rôles de manière corporelle. Les missions à la suite c'était de participer aux parades par exemple. Je trouve ce type d'audition assez froide par rapport aux candidats, car les numéros de ceux retenus sont appelés pour la suite de l'audition et si tu n'es pas retenu, tu n'as plus qu'à rentrer chez toi. Personne ne vient te voir pour te faire un retour et l'audition continue comme si de rien n'était.


J'ai fait une audition pour un club d'été aussi. Elle consistait à apprendre une chorégraphie en groupe et à la refaire. Le bémol dans ce genre d'audition c'est qu'elle est basée majoritairement sur le physique. Dans la danse, même si tu as beaucoup de talent, les recrutements sont très basés sur le physique, selon le rôle recherché.


J'ai fait une audition pour intégrer un crew, un groupe pour faire des battles de danse. L'exercice demandé était de suivre une chorégraphie de plusieurs intervenants, pour voir si tu maitrises différents types de danse et si tu arrives à suivre le rythme. Il fallait aussi apprendre une chorégraphie et la refaire devant un jury, en y intégrant ton univers dedans. Enfin, il fallait proposer une musique et présenter son univers artistique.



9- Dans quels types de structure pouvez-vous travailler ?

Je peux travailler pour une compagnie, dirigée par un(e) chorégraphe ou un directeur/directrice artistique. C'est une troupe de danseurs/danseuses qui va donner des représentations. Sinon, on travaille sous le régime de l'intermittence auprès de différentes structures pour obtenir le nombre de cachets requis.


Je peux travailler là où on m'appelle pour effectuer des représentations. Cela peut être dans un bar, avec ou sans scène, une boite de nuit, dans un restaurant ou un hôtel, ou pour un spectacle dans une salle spécialisée. Il est également possible de faire des déambulations dans la rue, des interventions dans des conventions ou des soirées festives ou d'anniversaire. Enfin, je peux faire des interventions dans des écoles de danse lors de stages, et je peux travailler dans les parc d'attractions ou les évènements comme les carnavals par exemple.


10- Quel est votre système hiérarchique et votre rapport à la hiérarchie ?

Cela va dépendre d'où tu travailles. Je vais te parler de mon expérience en compagnie ; Pour commencer, c'est le/la chorégraphe ou le/la directeur/directrice artistique qui t'embauche. Une personne peut faire les deux métiers selon la taille de la compagnie.

Dans la troupe tu as les danseurs/danseuses et dans les grandes compagnies, tu as les costumier/es et les maquilleurs/maquilleuses aussi.


Tu as également un/e chargé/e de communication qui s'occupe de faire de la publicité pour la compagnie. Il gère la communication sur les réseaux sociaux, il design les flyers, il s'occupe de la relation avec les théâtres pour avoir des scènes. Il y a également un/e comptable.


Le rôle du chorégraphe est de te donner la direction à prendre pour ta danse, il te donne l'idée du tableau. C'est ton supérieur. Ensuite, plus la compagnie est petite et plus tu es polyvalent. Par exemple, c'est moi qui m'occupait de mon costume et de mon maquillage.

Par rapport à la troupe, c'est comme une vie en société, la bonne entente est primordiale pour la cohérence du groupe. Les humeurs de chacun vont jouer sur la performance en représentation et peuvent créer des tensions entre les membres.


C’est émotionnellement très fort la danse, ça m’est arrivé plusieurs fois de pleurer. Le lien entre les danseurs est fort car tu comprends leurs émotions par la manière dont ils dansent. Un groupe doit être très homogène, c’est essentiel pour que la danse se passe bien. Si tu veux faire un duo avec quelqu’un avec qui tu ne t’entends pas, c’est possible, mais c'est plus difficile. On tend plus vers de l'acting et tu fais le travail d'un danseur interprète.


11- Comment fonctionne le réseau professionnel dans votre métier ?

Le réseau professionnel est très important dans notre métier, il faut maximiser le nombre de nos contacts pour décrocher des auditions. Si tu tombes sur la bonne personne, toutes les portes peuvent s'ouvrir.


Les réseaux sociaux sont très important aussi car c'est notre vitrine, c'est l'image qu'on va montrer de nos représentations et qui va permettre de se faire contacter. En réseau social, Instagram marche très bien en ce moment, des personnes t'abordent et on peut aussi y trouver des annonces. Youtube est un peu dépassé, et sur Facebook tu peux trouver des groupes de danseurs/danseuses qui proposent des offres.


Il existe aussi des agences d'intermittents qui nous placent sur des projets. Enfin, dans tous ces canaux, le plus important est d'y aller au culot. Tu ne dois pas avoir peur d'aborder les gens pour trouver un contrat, c'est essentiel même.


12- Quels avantages avez-vous en plus de votre salaire ?

Je n'en voit pas beaucoup, l'intermittence c'est très variable. Des fois tu peux participer aux évènements pour lesquels tu travailles. Certaines fois ont t'offre le repas, ou les trajets sont remboursés.


Mais de manière général tu perds pas mal d'argent pour rechercher des contrats, entre les déplacements pour faire des auditions que tu ne réussis pas toujours, l'achat du maquillage et des costumes dans les petites compagnies, les moments où tu n'as pas de contrat, etc.





13- Avez-vous des comparaisons à faire avec vos expériences passées ?

J'ai eu plusieurs mauvaises expériences par rapport à la danse. J'ai déjà était recalé d'une audition par rapport à mon poids, car le recrutement se basait sur le physique et tous les danseurs avaient au final le même gabarit. La taille peut être un frein aussi, si jamais un danseur est absent et que tu dois le remplacer, il faut que le costume puisse t'aller également. Le fait d'être une femme dans le milieu hip-hop est aussi délicat. Souvent tu es sexualisé, et tu dois danser pour mettre en valeur le danseur hip-hop homme qui lui a des fringues normales. Les femmes ont souvent des bouts de tissus, histoire que l'on voit leurs formes et sont hyper maquillées. Parce que le hip hop c’était à l'origine des gangs dans la rue donc le côté femme est un peu mis de côté. Dans le clip de Stromae Tous les mêmes* tous les danseurs sont bien représentés, mais c'est plutôt rare.


Dans les bonnes expériences que j'ai eu, je dirai que c'était à chaque fois des shows. Les shows sont différents des spectacles, il n'y a pas la même énergie car c'est plus court. Tu dois tout envoyer en très peu de temps, ça doit être surprenant, l'interaction avec le public est très importante, tu peux les faire participer, taper des mains, etc.


Une fois, j'ai fait une représentation devant un public hip-hop, sur la scène de la Nuit du rap indépendant. Le public était connaisseur, il appréciait mieux la danse que l'on faisait qu'un public lambda. Il comprend ce que tu danses et comprend ta discipline.


J'ai également fait un show à la mi-temps d'un match de volley. Le show a été créé pour l'occasion. J'ai dansé pour une soirée House aussi, c'était vraiment bien.


*Tous les mêmes clip de Stromae ici.


14- Que pensez-vous de l'articulation vie professionnelle et vie personnelle dans ce métier ?

La première chose que je dirai c'est qu'il faut faire attention à mettre une distance entre le métier et soi-même. Quand on danse, on transmet une partie de soi, un vécu, une émotion qui nous touche directement. Donc quand on se prend une critique sur notre travail, on se la prend en pleine face parce que la danse, c'est nous. Comme c'est difficile de faire la part des choses, beaucoup d'entre nous se créent un personnage pour ne pas travailler sa personnalité mais son personnage. On est nombreux à avoir un surnom, un personnage en lien avec sa dance.


Par rapport à la vie privée, je suis des personnes sur Insta qui ont une vie de famille et qui ont l'air de concilier les deux. En début de carrière, la vie de famille me semble difficile, car tu décroches plus de contrats quand tu es jeune. Les danseurs/danseuses qui ont des enfants ont souvent la trentaine passée voir la quarantaine.


C'est rare de voir un/e danseur/danseuse de compagnie qui a quarante ans par exemple. Soit il/elle va avoir une grande renommée, soit il/elle va se diriger vers un autre métier en lien ; il/elle peut faire partie d'un jury à des battles de danse, faire des passages dans certaines publicités, diriger des projets pour d'autres danseurs, faire de la photo toujours en lien avec la danse, etc.


De mon côté, je sais que je ne vais pas faire ce métier toute ma vie. Le corps se fatigue quand il danse, et comme c'est ton outil de travail, il peut lui arriver plein de chose qui t'empêchent de travailler. Je donne des cours de danse en parallèle, le métier de professeur me correspond mieux pour l'instant.

15- Quelles compétences sont essentielles pour exercer votre métier ?

La première est la condition physique. Tu dois entraîner ton corps pour lui permettre d'accomplir les mouvements et tenir la représentation. Mais ça n'a rien à voir avec le handicap. Par exemple B-Boy Junior* est connu mondialement et il a un handicap au niveau des jambes. Il a travaillé tout le haut du corps pour compenser, car il doit en plus porter le poids de ses jambes dans sa danse. Il faut aussi avoir une grande force mental, car tu peux être vite démoralisé/e.


Enfin j'avais envie de dire l'expérience, mais il faut que je l'explique pour pas que cela soit mal compris. La danse, c'est avant tout le rapport que tu as avec le public. Tu peux être très expérimenté et ne pas toucher le public avec ta danse, et tu peux toucher les gens en étant débutant. L'expérience va surtout être importante au niveau du moral, pour apprendre à encaisser quand ça ne marche pas, quand tu n'arrives pas à toucher les gens ou quand tu n'arrives pas à décrocher des auditions.


*B-Boy Junior présentation ici.



16- Quelles sont les caractéristiques que vous appréciez le plus dans votre métier ?

C’est une passion, je sais que le lendemain je reviens avec plaisir travailler. Je ne suis pas derrière un bureau, j’en chie, je pleure, je ris, je partage beaucoup d’émotions.


J’ai beaucoup de contact avec les autres, tu peux avoir des contacts physiques et ressentir l’énergie de l’autre et du public. C’est très agréable.


J'aime avoir les retours du public, bons ou mauvais, avoir un retour signifie que le public nous regarde.


17- Quelles sont les caractéristiques que vous appréciez le moins dans votre métier ?

L'aspect psychologique du métier. Mentalement c'est dur, même si tu as eu une mauvaise journée, tu dois danser et tout donner sur scène. Le plus difficile est de ne pas dégager une mauvaise énergie pour ne pas contaminer le collectif et mette en danger la cohérence du groupe et de la représentation.


Les blessures sont aussi compliquées à gérer et elles jouent sur le moral. Tu rates des cachets, des scènes. Et cela va avec le fait que financièrement, c'est difficile; les dates sont aléatoires, et tu n'es pas toujours payé à ta juste valeur, voir tu n'es pas payé du tout.



Je vous montre la fiche Rome correspondant à votre métier ici.


18- Quel est votre avis sur cette fiche Rome ?

Appellations


Pour moi, un chorégraphe n'est pas forcément un danseur. Par exemple Kamel Ouali chorégraphie des danses magnifiques, mais il n'est pas très bon danseur. Il peut te montrer des mouvements qui s'enchaînent parfaitement sur un morceau et te demander de le réaliser parfaitement sans forcément en être capable lui-même.


Gogo dancer, je respecte beaucoup ces personnes car le milieu de la nuit n'est pas facile. En revanche je ne dirai pas qu'un/e Strip-teaser/Strip-teaseuse fait de la danse *rire*. C'est de l'expression corporelle à la limite.



Accès à l'emploi métier

"Un apprentissage dès le plus jeune âge associé à une pratique régulière de la danse est indispensable". Je trouve cette phrase totalement fausse. Je suis d'accord que quand tu commences petit la danse, tu peux devenir très performant dans ton domaine. Mais ce qui compte dans la danse c'est l'implication et pas l'âge auquel tu commences à danser. J'ai commencé à 14 ans par exemple et je m'en suis donné les moyens.


"Des démarches actives sont nécessaires pour l'obtention de contrats". Ils ont raison de le mentionner parce que si tu te bouges pas, jamais tu n'auras un contrat.

"Elle peut impliquer des déplacements (tournées, tournages, ...) et un éloignement du domicile de plusieurs jours ou mois". C'est très vrai, par exemple si tu pars en tournée avec une star, tu dois la suivre pendant tout le temps de la tournée. Quand tu as un appartement ou une famille, ça peut être difficile.


Environnements de travail


C’est bien car c’est exhaustif, souvent on oublie les films, comme dans Sexy Dance* par exemple. De mon point de vue artistique, les personnages principaux ne sont pas des danseurs, mais des acteurs avant tout. Sauf dans le 4. En revanche les figurants sont des danseurs et sont embauchés pour travailler sur le plateau du film.


D'ailleurs la caméra c’est un coup à prendre aussi, c’est un délire au début. J’avais l’impression d’être trop près et puis tu dois adapter tes mouvements à la caméra et la capter avec le regard. C’est déconcentrant au début.

*Sexy Dance 4, trailer ici.


Mobilité professionnelle


Danseur et Coach sportif c'est différent à mon sens. Déjà, il faut un diplôme pour être coach sportif, et nous n'avons pas les mêmes connaissances. Sur l'anatomie, je connais quelques mouvements pour ne pas me blesser mais si je souhaite travailler une partie de mon corps, je vais faire appel à un coach sportif. Il est également plus calé sur la nutrition, même si en principe on doit avoir une bonne hygiène de vie.


Professeur/e de danse ça me parait logique comme évolution. Il faut avoir un bagage pour aiguiller tes élèves, avoir vécu les même expériences pour bien leur expliquer. Tu peux être un/e bon/ne professeur/e et ne pas être un/e bon/ne danseur/danseuse. C'est la pédagogie qui compte surtout dans ce métier.


La danse et l'art dramatique sont liés. Quand tu es danseur/danseuse interprète par exemple, ton corps parle beaucoup mais ton visage aussi. Et montrer son émotion par le visage, ça se travaille avec l'art dramatique. Le/la danseur/danseuse exécute des pas, et l’interprète y met une émotion, une intention. Le style classique est un bon exemple d’une exécution parfaite et le hip-hop c'est plus de l'interprétation.


Conclusion

Je trouve qu'ils se sont bien renseignés, c’est très global, il y a des renseignements très précis. Une personne qui veut faire ce métier verra bien l’aspect psychologique, c’est bien que ça soit marqué. Je suis étonné d’ailleurs que ça soit comme ça, dans le bon sens je veux dire *rire*.


19- Un dernier commentaire sur votre métier ?

La danse c’est une passion, si tu le fais c’est que tu es passionné/e et que tu en veux.


C’est vraiment pas un métier facile, tu en chie constamment, tu travailles sur ton temps personnel, la rémunération est compliquée, tu évolue mais personne sans rend compte ou tu ne peux pas le montrer. C’est pas comme quand tu as une promotion, donc la progression est difficile à voir. Le métier est très égoïste et en même temps il faut penser aux autres aussi. Le mental jouera sur tout et sur ton futur dans le milieu de la danse.



Pour aller plus loin ...

* Le métier de danseur/danseuse expliqué par le CIDJ ici.

* Un compte Instagram recommandé par une danseuse ici.

* 10 clichés sur les danseurs (classiques) par Camille Peraire ici.

* Devenir danseur hip-hop professionnel (en Suisse) par Tataki ici.

* J’ai retrouvé les stars de la tecktonik par Brut ici.





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